18 novembre 2009

Un beau texte de Serge Venturini

L’INACCOMPLI DE LA FEUILLE

Je vais où le vent me mène,

Sans me plaindre ou m’effrayer ;

Je vais où va toute chose,

Où va la feuille de rose

Et la feuille de laurier.

Antoine-Vincent Arnault, 1766-1834

Comme dit la sapience du feu, ― ni trop près, ni trop loin. Un jour, partie avec les autres, la feuille qui de la branche se libère, le vent l’emporte, elle monte au ciel, elle tournoie au-dessus des bâtiments, puis redescend. ― Elle touche terre. C’est sa fin. Elle a quitté l’arbre, les autres feuilles, solitaire.

La chère feuille, elle aussi est partie, la mordorée, avec tout l’or de ses brocarts, ses couleurs de soleil et d’aurores, avec le vent elle chantait, heureuse, jouait dans les frissons de l’air. L’arbre s’en souviendra au printemps quand va fleurir le fruit, alors il parlera de la nécessité de la feuille. Elle protège le fruit qui brûle sans aile. La feuille ne sera plus que cendre et poudre. ― Juste un peu de poussière sèche sur la pierre.

Elle a traversé ses rites de passage. Du premier bourgeon, dans le vent encore glacial, elle a su patienter en silence, se faire toute petite, tenir, pour mieux pousser ensuite. Elle a su attendre son temps de feuille et sentir la sève lui apporter la vie du profond des racines de l’arbre. Or, elle croît, la feuille, ― elle côtoie fleurs, insectes et la souillure des hommes.

Pour donner le fruit, tel l’olivier qui résiste au gel, il sait endurer les frimas, jusqu’au vent odorant d’avant-printemps, doux soleil des premières roses. Son fruit de paix ne connaît pas la guerre des hommes. Il tremble souvent de son noble bois, des branches aux racines, ― sous la canonnade du temps.

2 commentaires:

À 14:48 , Anonymous Anonyme a dit...

Ne sommes-nous, après tout, que des feuilles aussi, à la nature soumis. Mais le poète est aussi le vent. Le vent qui inspire les feuilles comme celle-ci. Je t’embrasse. jbg

 
À 22:36 , Anonymous Anonyme a dit...

L'arburu perde le so fronde
Fendu un mantellu à la terra,
Copre cusi li chjassi...
È à l'ombra di le so stonde
In li so lochi di a serra
Ci vuleria perde li mo passi...

O cari pueti,di la mo musa vi salute.


Ghjanpa

 

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