29 mai 2010

Libération de la Corse: petits évènements des grands moments

UN « MALGRE NOUS »* A VENZOLASCA

Un récit de Mr Charles Cristini

En septembre 1943, les allemands qui remontaient le long de la côte orientale pour rejoindre, à partir de Bastia, le front d'Italie, avaient établi un camp de transit sur l'emplacement de l'actuelle « Ruche foncière ». Charles Cristini qui est actif dans la résistance du secteur, se rend plusieurs fois aux abords de ce camp pour y glaner des renseignements. Mais écoutons son récit:

« A un moment donné, je me trouve seul avec un soldat allemand qui ouvre une boite de haricots verts; j'étais intéressé car je n'avais jamais vu de haricots en boite. A ma grande surprise, le soldat me dit: « Moi aussi je suis français, comme vous. Je suis Alsacien. Je veux rejoindre les français ». il s'appelait Joseph.

Nous nous entendons pour préparer sa désertion et convenons de nous voir le lendemain. Le soir même, j'en parle à mes chefs et nous envisageons de tenter l'opération. Je suis chargé de pénétrer dans le camp tout seul pour limiter les conséquences et aussi parce que je connais les lieux et le soldat. Armé jusqu'aux dents, au cas où, je pénètre dans le camp et opère la sortie de Joseph qui est conduit discrètement jusqu'au village. Pendant le repas, chez mes parents, il prend peur, craignant des représailles sur sa famille, mais il est trop tard pour reculer.

Nous le conduisons alors , en « traction », à Ponte-Leccia où se trouve alors le Bataillon de choc qui l'intègre aussitôt dans ses effectifs. Quelques jours après, avec le bataillon qui pourchasse les allemands, il repasse par Venzolasca et il a tenu à aller saluer ma mère qui l'avait si bien reçu.

Nous n'avons plus jamais eu de ses nouvelles. Qu'est-il devenu ? Nos destins se sont croisés et puis... »

(avec l'aimable autorisation de "A MEMORIA" organe de l'Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance : A.N.A.C.R 2B )

  • Après la défaite française de 1940, Hitler avait annexé l'Alsace et la Lorraine qu'il considérait comme terres allemandes. Naturellement il y appliqua la conscription et les jeunes alsaciens et lorrains furent enrôlés dans l'armée allemande. On appelait « Malgré nous » ces soldats dont l'histoire fut contrastée: à côté de cas comme celui-ci, qui ne furent pas rares, il y eut aussi des « malgré nous » qui restèrent disciplinés jusqu'à l'extrême puisqu'il y avait de nombreux « malgré nous » dans les troupes qui commirent les horreurs d' Oradour sur Glane... U c

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